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L'oignon

                       L'oignon

    Je suis un oignon, tubercule a priori bien de sa personne puisque rondelet et paré d'un joli voile orangé qui, hélas, s'étiole si trop de sécheresse il y a.

D'après des chuchotements entendus ici et là, il paraîtrait que les spécimens de notre espèce, très appréciés pour de multiples raisons d'ordre alimentaire et médicinal, seraient voués à un bien triste sort.

                                                 *

Lorsqu'après des épreuves successives, je suis arrivé sur l'étalage du marchand, certaines personnes à l'esprit délicat m'ont regardé d'un oeil objectif et un brin admiratif, ce dont je fus très flatté. Par contre, d'autres s'approprient de nous sans nous prêter la moindre attention et cela contre une valeur marchande appelée "oseille", ce qui est une façon à eux de nous faire accepter ce troc auquel je ne comprends absolument rien.

 

Donc, après avoir été chargés dans un cabas, nous échouons dans un espace qui nous est réservé où nous côtoyons des amis légumes qui eux aussi auront certainement un avenir peu enviable.

 

Et le jour fatal tant redouté arrive car une recette de cuisine, sans doute élaborée puisqu'elle nécessite entre autres l'élément "oignon". Là commence une terrible tragédie à laquelle nous réagissons dès que nous sommes démunis de notre jolie pelure ; nous éjectons alors une essence volatile invisible sécrétée depuis notre naissance et qui pique intensément les yeux de l'agresseur lorsque l'arme meurtrière nous tranche. C'est notre manière de lui faire comprendre combien ce traitement est abject.

 

Mais il n'est hélas pas tenu compte de ce signal, car l'ustensile continue sa tâche destructrice et nous émince avec un plaisir évident. A cette barbarie, nous réagissons en projetant de façon encore plus forte notre venin.

 

Je ne sais si c'est de nous voir agonir, mais le bourreau, qui n'est peut-être pas dépourvu de sensibilité, semble prendre part à notre désespoir et ne manque pas de verser des larmes, parfois à profusion. Cela pourrait nous émouvoir, mais point ne m'apitoierai car j'estime cette cruauté insupportable.

 

Et puis la suite n'est pas non plus très glorieuse car être cuisiné, quelle qu'en soit la façon, n'est assurément pas la destinée à laquelle nous aspirions, et c'est pourtant ce qui nous échoit.

 

                          Y échapperai-je ?

                         De cela, je ne suis pas certain !

 

 * Un com. de réconfort me ferait plaisir *



16/05/2010
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