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La poulette

La poulette

 

Je suis une cocotte, une poule de luxe puisque née dans le poulailler d'un riche fermier du haut plateau qui possède tracteurs, trayeuses automatiques et tellement d'autres machines modernes qui aident à faire prospérer le domaine

 

J'ai été un poussin duveteux, couvé par une maman qui avait fort à faire avec une ribambelle de petits êtres tellement semblables que nous-mêmes ne pouvions savoir lequel nous avait donné un coup de bec lors d'une chamaillerie et que vengeance il ne pouvait y avoir. C'était sûrement mieux ainsi d'ailleurs !

 

Puis nous avons grandi et volé de nos propres ailes. Voler, c'est vite dit car nos ébats de ce genre sont plutôt restreints par rapport à ceux des pigeons qui cohabitent dans un beau logis qui trône en hauteur, nommé colombier. Mon rêve !

A la ferme, nous côtoyons beaucoup d'animaux, certains tellement énormes que mieux vaut s'écarter de leur passage si on ne veut pas qu'il nous arrive malheur.

D'ailleurs, même entre volatiles : oies, canards, dindes, ah celles-là, ce ne sont pas les prises de becs qui manquent et parfois échanges sanglants il y a.

 

Je suis maintenant arrivée à maturité et la vie serait agréable si maître-coq, qui se croit tout permis étant donné son vieil âge, ne nous réveillait pas chaque matin, à la prime aurore, par des cocoricos retentissants qui mettent en effervescence tout le domaine. Pour qui se prend-t-il celui là ?

D'après lui, nous serions voués à un sort redoutable et le bon traitement dont nous bénéficions ne serait que pour nous rendre dodus et comestibles, mots dont le sens m'échappe.

Il est vrai que certains éléments de la basse-cour, pourtant fort bien traités par la fermière qui nous lance à la volée des graines très appréciées, disparaissent de temps à autre sans que nous en connaissions les raisons. Cela me tracasse.

 

A ce tourment s'ajoute un phénomène quotidien dont je ne connais pas l'origine mais qui ne manque pas de me mettre dans tous mes états. Il me faut extraire de mon corps une chose énorme qui me demande des efforts considérables, je dirais même douloureux.

C'est paraît-il un oeuf, élément très apprécié pour la nourriture des humains qui peuvent, paraît-il, nous accommoder de diverses façons.

Des malfrats vont, parait-il,  jusqu'à nous gober tout crus, cruauté qui mériterait que nous germions dans leurs entrailles et naissions en poussant, O surprise, des cocoricos.

 

Comme j'aurais aimé naître coq plutôt que poule !

 

                                              

Je ne sais vraiment pas de quoi l'avenir sera fait.

Cela m'effraie vraiment et l'émotion me gagne chaque jour davantage d'où mes caquetages de détresse qui indisposent parfois la fermière.

 

 * Un p'tit com. ferait plaisir *



07/03/2010
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